[Concert] Simon Rattle, Berliner Philharmoniker @ Philharmonie de Paris

- 2 septembre 2017

Simon Rattle, Berliner Philharmoniker
Dmitri Chostakovitch, Symphonies No 1 et No 15
Philharmonie de Paris

Rentrée de prestige à la Philharmonie de Paris. Pour cette première levée de la saison 2017/18, la salle de la Porte de Pantin accueillait le Berliner Philharmoniker, dirigé par son directeur musical, Sir Simon Rattle, gars de Liverpool, pour une soirée consacrée aux symphonies de Dmitri Chostakovitch. La première, la No 1 (évidemment) et la dernière, la No 15. D'un bout à l'autre de l'activité symphonique, pléthorique, du compositeur soviétique, de quoi s'en faire une bonne idée. Une superbe idée.

Je découvrais ces deux oeuvres. La Symphonie No 1, d'abord. Chostakovitch n'a que dix-huit ans, il n'est encore qu'un apprenti musicien, lorsqu'il la compose afin de la présenter lors de son examen de fin d'études. Succès immédiat : elle lui permet d'obtenir son diplôme, mais c'est accessoire. Elle propulse le jeune Dmitri dans le gotha musical de son époque. Deux ans après sa création (en 1926), elle a déjà été jouée à Berlin, Philadelphie, New-York et Vienne ! Pas mal pour un premier jet, hein ?

D'inspiration romantique, laissant néanmoins de subtiles dissonances s'immiscer, c'est une oeuvre éclatante, de mélodies, de force, de vitalité, le tout mêlé à de nombreux traits d'humour. Et si elle n'échappe pas à de fortes tensions, à des moments de violence, jamais elle ne se défait de cette lumière qui l'habite, soulignée par les parties solistes du violon, bien sûr, mais également... du piano. Ajoutez à cela la présence tonique des percussions... Totalement emballé.

Il y a presque un demi-siècle entre les deux symphonies jouées hier soir, et cela se sent. Avec la Symphonie No 15, on est dans quelque chose de plus moderne, exigeant, âpre, où l'envie de dissonances laisse la place au dodécaphonique. Le premier mouvement est incroyable. Joyeux, plein d'humour, Chostakovitch fait preuve de beaucoup de délicatesse - dans toute l'oeuvre. Il s'amuse même avec la fameuse ouverture de Guillaume Tell de Rossini (compositeur fétiche du régime soviétique). Mais je dois bien le dire. J'ai eu plus de mal avec cette symphonie - surement quelques préjugés qui ont la dent longue...

La précision, la dynamique, les somptueuses sonorités du Berliner Philharmoniker, quoi de mieux pour, à nouveau, se laisser totalement séduire par l'acoustique incroyable de la Philharmonie de Paris. Quel bonheur d'avoir cette salle ! Quelle absolue nécessité que les classes populaires, celles des environs et d'ailleurs, profitent des tarifs qui y sont pratiqués pour s'approprier ce lieu !

PS : Bien sûr, en l'an 10.000, les musiciens, enfin lucides, c'est-à-dire descendus de toute forme de prétention, auront suivi le chemin des poètes, des comédiens, auront rejoint les peintres là où l'art doit se faire pour que chacun et chacune puisse s'en emparer vraiment : dans la rue !

DK, le 3 septembre 2017

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