[Concert] Ange @ Le Trianon

- 31 janvier 2020

Ange
Toute une vie d'Ange
Le Trianon (Paris)

Dix ans depuis mon premier concert de Ange. C'était à l'Olympia, pour les quarante ans de ce tout jeune homme du rock progressif français. Depuis, il y a eu l'Alhambra, par deux fois, le Café de la Danse il y a peu, le Bataclan - souvenir très fort -, le Trianon il n'y a pas si longtemps. Dix ans plus tard, à l'occasion des cinquante ans du groupe, Ange retrouvait Le Trianon, pour ce qui, de toute évidence, fut le meilleur de leurs concerts auquel j'ai pu assister. Quel anniversaire !

D'abord un petit mot sur la salle. On est à mille lieues du quarantième anniv' et de l'ambiance ultra coinços de l'Olympia. Là, ce ne sont que les imbibés pour de bon qui sont là. Un public conquis et heureux d'être là (parmi lequel, me fit remarquer Max, on fait presque figure de jeunots, youpi !),voilà une très bonne base pour une soirée mémorable.

Que dire de la première partie... "Surprise", que l'on annonçait... J'y avais pensé... Je n'osais y croire... Mais si ! Tristan Décamps ! Tout de blanc vêtu, tel un enchanteur, il éblouit les lieux de sa voix fabuleuse - autrement en forme qu'au Café de la Danse. Botticelli Serenade et le Bal des Laze (quand on arrive en retard, on ne sait pas tout...), deux merveilles pour tout de suite donner le la. C'est à une immense soirée que l'on va assister.

Début du concert, noir dans la salle... Et la voix de Christian qui, depuis la coulisse, nous donne le frisson avec Caricatures. Merveilleux. Soudain, la lumière jaillit de la guitare d'Hassan. Le solo de Le chien la poubelle et la rose ! Et revoilà Tristan pour Dignité, qu'il a merveilleusement revisitée il y a peu avec Francis ! De frissons en frissons, je quitte la Terre, je ne redescendrai que deux heures et trente minutes plus tard.

Lorsque Christian entre enfin sur scène, c'est pour être aussitôt entouré par Francis, son frère, et Daniel Haas, à la basse. L'émotion est immense sur "Le soir du diable". Et ce que j'avais tant espéré il y a dix ans pour la Quarantième Rugissante est en train de se produire ; la reformation du groupe originel. Malheureusement, Christian annoncera bien vite que Jean-Michel Brézovar, malade, ne sera pas de la partie (quid de Gérard Jelsch ?). Un brin de déception, rapidement emporté par une setlist remarquable, parcours dans une carrière fabuleuse.

Et la présence d'autres anciens membres de l'aventure Ange qui, ce soir, jubile - cinquante berges, nom de dieu ! Serge Cuenot, Laurent Sigrist, Fabrice Bony... Mais le grand plaisir, indéniablement, c'est de retrouver Caroline Crozat - qui s'amusera d'un "reviens, Caro !" lancé par quelqu'un dans la salle, avec un "c'est tentant", très tentant. Elle nous offrira notamment une version de Fou, accompagné par l'accordéon de Francis, tout à fait anthologique !

Moments inoubliables : une interprétation de Réveille-toi par Tristan absolument poignante, qui m'amène à poser une nouvelle fois la question : Tristan Décamps n'est-il pas, actuellement, le meilleur interprète de la chanson française ? Et puis, cet Hymne à la vie fabuleux, avec tout le monde sur scène, et puis un peu plus d'émotion que d'habitude, peut-être... Christian qui nous dit bien comme à l'accoutumée "à toujours sur le rêve", mais qui oublie le "à bientôt sur la vie" qui le précède... La gorge qui se serre un peu. Pourtant, indéniablement, une soirée pleine d'une énergie incroyable, une soirée pleine de vie !

Merci Ange, merci !

(Je vais me livrer à un exercice que les gens de UPDLM n'apprécient guère, je leur en demande excuse dès maintenant, mais pour rien oublier de cette soirée unique...)

La setlist : Caricatures (Christian, a cappella) - Le chien la poubelle et la rose (solo final) - Dignité (Tristan) - Le soir du diable - Fils de lumière - Les longues nuits d'Isaac (groupe vocal "Choeur de chauffe") - Sur la trace des fées - Ode à Emile - Réveille-toi (Tristan) - Captain coeur de miel - Vu d'un chien - La gare de Troyes - Fou (Caroline et Francis, accordéon) - (Je ne suis) Là pour personne - Crever d'amour (Caroline et Tristan) - La ballon de Billy - L'eau qui dort (?) - Le rêve est à rêver - Quasimodo - Les collines roses - A l'ombre des pictogrammes - Ces gens-là - Hymne à la vie (collégiale)


DK, le 23 février 2020

[Concert] Joshua Bell, Orchestre de Paris, Karina Canellakis @ Philharmonie de Paris

- 22 janvier 2020

Joshua Bell, Orchestre de Paris, Karina Canellakis
Jean Sibelius, Concerto pour violon - Dmitri Chostakovitch, Symphonie N° 10
Philharmonie de Paris

C'est toujours un réel plaisir d'assister à un concert de Joshua Bell. D'abord, parce que son jeu est fait d'une délicatesse rare, élégant, léger, joyeux. D'une forme d'humilité, ou de simplicité, qui lui donne cette capacité à s'effacer derrière l'oeuvre qu'il interprète.

En gros, le contraire de ce qu'en fait Maxim Vengerov. Et c'est là qu'a été, en ce qui me concerne, le souci. Le souvenir absolument intact de son interprétation en ces lieux il y a un peu plus de trois ans (premier et deuxième soir, permettez) m'a tout de suite attrapé l'oreille. Level exigeance : total. J'ai déjà eu, sur ce blog, l'occasion de dire que c'était cuit, que je serais dorénavant incapable d'écouter cette "le" Sibelius sans que me revienne le son du violon de Vengerov. Je le confirme.

Pour autant, Joshua Bell n'a pas démérité, loin de là. Plutôt convaincant, et tout particulièrement dans les deuxième et troisième mouvements, il a confirmé ce sentiment dont je vous parlais plus haut : le réel plaisir de l'écouter.

Côté péripéties, à présent. D'abord, je vous parle ici d'un concert auquel nous avons bien failli ne pas assister. A quelques minutes du début du concert, Renaud a la bonne idée de remarquer que lui manquent et son portefeuille et son téléphone. Sortant de la salle dégoûtés, persuadés d'avoir perdu ces éléments rudement embêtants à perdre, on se sépare pour aller voir s'ils ne sont pas là où nous nous sommes arrêtés quelques instants sur le chemin de nos places. Moi dans les contre-allées intérieures de la salle, lui celles à l'extérieur. Rien là où je cherche, je sors de la salle sans demander la contremarque qui permet de revenir.

Dehors, pas de Renaud. OK ! Il n'est pas où nous devions nous retrouver, il n'est pas là où nous devions nous retrouver, l'horreur à son comble. Téléphone mis sur silencieux pour éviter la bévue pendant le concert, je ne vois pas tout de suite qu'il m'appelle. Je finis tout de même par le constater, ce qui veut dire qu'il a retrouvé son téléphone. Posé avec son larfeuille sur un muret du petit coin où l'on s'en fume un petit dernier avant d'entrer dans la salle ! Immense ouf, je le rejoins...

Or, persuadé que le matos est perdu, je suis sorti sans la contremarque. Et voilà que je tombe sur l'un des portiers les plus zélés de l'histoire des salles de concert. J'ai mon billet, il n'en veut pas, il veut la contremarque. Je concentre tous mes moyens pour retrouver ce qu'il faut de calme et expliquer à ce portier que ceci puis cela égale maintenant. Non, la contremarque. Mais enfin, le concert s'apprête à débuter... La contremarque ! Il accepte finalement d'appeler sa responsable, qui constate ma bonne foi, et me dit... de me dépêcher car le spectacle est sur le point de commencer. Sans blague !?

Allez, ça fait des souvenirs ! Plus agréables après coup que les larsens et sifflements insupportables qui se sont faits entendre durant tout le concert. Sur Chosta, quand ça envoie, ça gêne pas forcément. Mais dans les moments les plus délicats de Sibelius, atroce !


DK, 23 février 2020