[Concert] Cédric Tiberghien, Orchestre National d'Ile de France, Enrique Mazzola @ Philharmonie de Paris

- 16 octobre 2018

Cédric Tiberghien, Orchestre National d'Ile de France, Enrique Mazzola
Gioacchino Rossini, Guillaume Tell (ouverture) - Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano N° 3 et Symphonie N° 5
Philharmonie de Paris

cette chronique sera menée sur le même tempo que celui sur lequel fut joué ce Concerto 3 de Ludovic de Bonn. Sensibilité qui vire à la niaiserie, aucune originalité dans les moments seuls, guère peu de consistance dans tout ça. Soirée à oublier.

DK, le 17 octobre 2018

[Concert] Ian Bostridge, Daniel Harding, Orchestre de Paris @ Philharmonie de Paris

- 10 octobre 2018

Ian Bostridge, Daniel Harding, Orchestre de Paris @ Philharmonie de Paris
Jean-Philippe Rameau, Hippolyte et Aricie, suite orchestrale - Benjamin Britten, Les Illuminations - Félix Mendelssohn, Symphonie N° 5 "Réformation"
Philharmonie de Paris

Tandis que Julien gazouille ceci : "La musique planante de Britten illumine la rudesse rustique et écorchée des vers de Rimbaud dans une interprétation émouvante de Ian Bostridge avec Daniel Harding et l'Orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris", je serai pour ma part moins politique. Pas le concert de l'année - mais comment "passer après" Mahler par le Boston ? -, mais une soirée largement sauvée par le plaisir de retrouver DJ Harding, en pleine forme, et celui d'entendre du Rimbaud, à travers la voix remarquable de Ian Bostridge.

Pas le programme le plus alléchant, c'est vrai. Même si deux des trois oeuvres sont assez récentes, le ton est au baroque, avec une suite pour orchestre de Jean-Philippe Rameau, une pièce vocale de Benjamin Britten aux accents d'oratorio, et une symphonie de Félix Mendelssohn rendant hommage à Bach... Etait-ce la meilleure chose à faire pour honorer la mémoire du Jean-Seb de Leipzig ? C'est lourd, c'est ampoulé, ça ressemble à un pogoteur qui se met au menuet. Guère surpris de lire dans le livret du concert que c'est une oeuvre que Mendelssohn délaissa.

Et alors, pour ne rien arranger, encore une prestation bien peu enthousiasmante de l'Orchestre de Paris. Toujours ce cruel manque de nuance, quel dommage. Et Philippe Aïche au Premier violon... Qu'est-ce que ça grince ! C'est dur à dire, mais avec ce genre de prestation, on comprend aisément pourquoi DJ Harding n'a pas souhaité renouveler son contrat de directeur musical. Il quittera ses fonctions à la fin de la saison. On le regrette déjà !

Restera tout de même la magnifique émotion transmise par la voix de Ian Bostridge, qui, en effet, avec beaucoup de retenue et d'élégance, a illuminé les Illuminations.

DK, le 11 octobre 2018

[Concert] The Chemical Brothers @ Bercy

- 3 octobre 2018

The Chemical Brothers
Palais Omnisport de Paris Bercy (Accorhotels Arena)

Manc' in Paris ! Mis au courant par l'ami Max du passage par les rives de la Seine du duo le plus électro de la Mersey, The Chemical Brothers, en grand amateur de leurs deuxième et troisième albums (ceux auxquels Noel Gallagher a participé, absolument), je ne perdais rien à y faire un tour. Mon envie de gros son, de rythmiques et breakbeats intransigeants, de montées en puissance savantes, bref mon envie d'une bonne soirée électro y serait forcément satisfaite. Ce fut incontestablement le cas, même si nous fûmes assez loin de l'incroyable show que j'espérais.

D'abord, parce que la musique des Chemical s'est assagie - pour rester poli. Elle n'est plus cette incessante succession de charges menées à grands coups de rythmiques tapageuses, de nappes agressives, de saturations éperdues. Elle ne semble plus faite de cette rage, tantôt déchainée, tantôt retenue, qui la portait dans les années 90. Elle ne crie plus, la musique des Chemical, elle chante. Ce qui, à mes yeux, la prive d'une grande part de son charme.

Ensuite, le show... Deux DJs qui ne bougent pas de derrière leurs machines, c'est pas Ozzy Osbourne qui plonge sa tête dans une bassine de flotte entre deux chansons, ni Mika qui court de la scène à son avancée avec tous les substituts phalliques qui lui tombent sous la main, ni Jay Z qui communique avec son public toute la soirée. Il faut bien quelque chose pour transcender un peu la forme et créer du spectacle - sinon, autant faire ça sur une pelouse quelque part.

Une heure et cinquante minutes (Paul McCartney, 75 ans, c'est quatre heures) d'un show essentiellement basé sur des projections, avec de très beaux moments, comme lors du frénétique "Free yourself", mais rien de bluffant. D'énormes ballons lancés dans le public, mouais... Des paillettes, on sait pas trop pourquoi mais c'est joli... Deux énormes robots façon old school qui s'extirpent péniblement des coulisses pour tirer des rayons avec leurs yeux le temps d'un titre, ok... Bon... Il est possible que l'incroyable show de Metallica m'ait rendu trop exigeant.



Car la soirée fut bonne... Tenez, ne serait-ce que pour le plaisir d'entendre la "Private psychedelic reel" en live !

DK, le 7 octobre 2018

[Concert] Boston Symphony Orchestra, Andris Nelsons @ Philharmonie de Paris

- 15 septembre 2018

Boston Symphony Orchestra (dir.: Andris Nelsons), Maitrise de Radio France, Choeur des femmes de Radio France, Susan Graham
Gustav Mahler, Symphonie N° 3
Philharmonie de Paris

"Une fois encore, je ne gagnerai pas un sous avec ma Troisième Symphonie car les gens ne comprendront rien et ne voudront rien savoir de cette gaieté. Elle plane au-dessus du monde de combat et de douleur de la Première et de la Deuxième et ne peut être conçue que comme leur résultat." - Gustav Mahler

Samedi soir, je découvrais, de la meilleure façon qui soit, en vivant, la Symphonie N° 3 de Gustav Mahler. Eh bien, savez-vous ce que j'ai fait aussitôt rentré chez moi ? J'ai écouté une nouvelle fois la Symphonie N° 3 de Gustav Mahler. J'ai tenté ainsi d'en avoir le coeur, et de trancher une question qui s'était agrippé à moi dans les dernières mesures de l'oeuvre : cette Symphonie N° 3 de Gustav Mahler ne serait-elle pas la plus belle oeuvre musicale que je connaisse ? Peut-être pas. Mais pas loin.

Selon les mots de son auteur, le récit de cette symphonie ("Le fait que je l’appelle Symphonie ne signifie pas grand-chose car elle n’a rien de commun avec la forme habituelle. Le terme symphonie veut dire pour moi : construire un monde avec tous les moyens techniques existants.", G. Mahler) est Le songe d'un matin d'été.

Si une gaieté revendiquée va bel et bien habiter une large part de l'oeuvre, tout particulièrement en son Premier mouvement (trente minutes, un continent entier), c'est sur une marche pleine de gravité, entonnée par les cors, que Mahler nous fait entrer dans ce troisième monde. Il intitule cette introduction L'éveil de Pan, dieu de la nature et des troupeaux chez les Grecs. Henry-Louis de la Grange, "the" référence niveau Mahler, décrit ces premières mesures comme un "portail monumental".

Mais très vite, un changement de ton complet nous surprend. Tout en légèreté, d'un pas plein d'entrain, l'orchestre s'élance, et nous entraine dans le sillage du cortège de Bacchus. Aussitôt, l'été nous submerge. C'est foisonnant de mélodies simples, joyeuses, populaires, c'est d'une densité étourdissante, c'est d'une richesse remarquable, c'est chantant, c'est dansant. Même les accents parfois militaires n'y font rien. Cet incroyable Premier mouvement est un prodigieux tourbillon de grâce. Il va me falloir du temps pour m'en remettre.

Après cette bouleversante première partie, c'est aux pensées que lui content tour à tour les fleurs des champs, les animaux de la forêt, l'homme, les anges, et enfin l'amour, que Mahler va donner musique. Parmi ces cinq mouvements, celui dédié aux animaux de la forêt (3è mouv.) est un autre moment de splendeur rare. Ils sont là, ces animaux, devant nous, ou tout près, tant nous les entendons distinctement. Et ils nous charment, ils nous amusent, ils nous enjouent.

Magie pure, lorsque, du lointain (mettre un musicien en retrait de l'orchestre, un effet dont semble friand Mahler, puisque déjà utilisé lors de la Première - on s'en souvient, hein Frédo ?), nous parvient ce qui ressemble à un brame de cerf, incarné par un cuivre (le cor de postillon... faut le savoir... faut le connaitre déjà...) placé en arrière de la salle. La merveilleuse acoustique de la salle Pierre Boulez permet à son long solo d'exprimer toute sa solennité. La salle est littéralement happée. Un moment d'une beauté rare.

Les fleurs de champs (2ème mouv.) inspireront à Mahler une sorte de valse, énergique sur ses dernières mesures. Pour l'homme (4è mouv.), il fera chanter les mots de Nietzsche par une voix féminine, pour quelques instants d'une extrême gravité. Tranchant terriblement avec le mouvement suivant, celui des Anges (5è mouv.), oratorio entonné par une chorale de voix féminines et d'enfants. Quant à l'amour (6è mouv.), il permet au programme de s'achever sur une touche de douceur, inouie.

Il faut dire que si l'émotion de cette oeuvre nous parvint pleinement, c'est que l'interprétation livrée par le Boston Symphony, Andris Nelsons et les autres, fut absolument magistrale. Tout, y compris les petites imperfections ici ou là (un peu de fausseté de la premier violon dans le premier mouvement, les attaques de certains cuivres, y compris du cor de postillon, pas irréprochables non plus), semblait dédié à un seul parti-pris : l'émotion. Message parfaitement reçu par une salle conquise, et qui salua longuement et chaleureusement les musiciens.

Alors, s'il faut répondre à la question posée au début de cet article, la réponse est non. Il ne s'agit pas de la plus belle oeuvre musicale que je connaisse. D'abord, la religiosité du propos m'empêcherait de la placer devant L'imaginaire de Léo Ferré, par exemple. Ensuite, parce qu'il n'y a rien à faire, je ne m'entends pas bien avec le lyrique, et moins encore les voix de femmes. Mais cette Symphonie N° 3 de Mahler est définitivement une merveille absolue. Aussi gaie soit-elle.

DK, le 17 septembre 2018


BOULEZ ENSEMBLE ~ Daniel Barenboim @Philharmonie de Paris

Webern/ Schumann / Boulez

Daniel Barenboim à la baguette et au piano pour ce concert placé sous l égide de Boulez avec sur Incises qui s'avère une pièce dynamique et rythmée, complexe comme l' explique Barenboim avant de nous proposer en supplément de programme et en introduction la pièce Incises pour piano seul. Avec ses trois pôles de percussions, harpes et pianos sur Incises est une agréable surprise que la salle presque pleine a salué avec justesse.

Mais c' est l enchanteur Quintette pour piano et cordes n°44 de R. Schumann et son deuxième mouvement in modo d'una marcia très habilement interprété qui m'a transporté et baigné dans une sérénité rare. La musique s' impose comme une magistrale source d'apaisement... provisoire mais intense.

Retour en solitaire à la philharmonie de Paris donc, avant je l'espere de nombreux duos avec Davou cette saison!

F. Bons


[Concert] Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos @ Philharmonie de Paris

- 7 septembre 2018

Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos
Johannes Brahms, Trios pour piano et cordes No 2 (Op.87), No 3 (Op.101) et No 1 (Op. 8)
Philharmonie de Paris

Julien a raison. Débuter la saison avec un concert de musique de chambre, c'est une façon délicate de se replonger dans le bain. Avec une affiche somptueuse, c'est encore mieux ! Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos, trois solistes de renom réunis pour jouer les trois Trios de Brahms, un programme alléchant qui a tenu toutes ses promesses.

Ce n'est pas la première fois que nous avions le plaisir d'entendre en ces lieux ces trois oeuvres, l'ami de quarante ans et moi. Données il y a un peu plus de deux ans, je les avais découvertes alors, et avais immanquablement succombé à leur charme, avec une préférence pour le Premier. Kavakos était déjà de la partie. Et le décalage entre son coup d'archet assez lourd, ses sonorités puissantes, et le jeu tout en délicatesse de ses deux acolytes d'alors, Lugansky et Capuçon le jeune, m'avait posé problème.

Associé à Ax, dont je connais et apprécie la fermeté du toucher, et au renommé Yo-Yo Ma, cela pouvait tout de même donner quelque chose de pas mal du tout. Et ce fut le cas. Première oeuvre jouée, le Deuxième Trio, un seul mot pour définir cette interprétation : perfection. Époustouflants sur le plan technique, d'une justesse incroyable sur le plan de l'émotion, équilibre complet entre chacun des trois instruments. Moment de grâce absolue - une spectatrice n'a pu contenir son désir d'applaudir à la fin du deuxième mouvement, le lent, pour le plus grand plaisir des artistes.

Le Troisième Trio, deuxième oeuvre de la soirée, va forcément souffrir un peu de la comparaison avec ce qui vient d'arriver. Peut-être un peu de fatigue. C'est très beau, mais la magie n'opère pas de la même manière. Après l'entracte, vient enfin le Premier Trio, bel et bien mon préféré. Si j'avais les compétences pour le faire, je vous dirais volontiers que, si le Troisième est vraiment le plus Brahmsien des trois, les accents Schumanniens du Premier sont sans doute ce qui me le rend charmant.

S'il n'atteindra pas la grâce quasi absolue touchée lors du Deuxième - le premier, quoi -, le trio retrouve sa pleine puissance, et nous éblouit. Le concert s'achève sur un Schubert en bis et une salle conquise, pour moitié debout.

*

Petit plaisir en sus, le changement d'annonce d'avant concert, avec une amorce d'une efficacité redoutable (pas de spoiler ici), et la suppression de l'accent US ridicule sur "Philharmonie de Paris" pendant l'annonce en anglais américain. Pas plus emballé que ça par le programme de la saison 2018/19, mais si les quelques rendez-vous pris sont de la même facture, on va se régaler. Manquerait plus que Frédo revienne... 

DK, le 8 septembre 2018

[Concert] Lofofora @ La Maroquinerie

- 7 juin 2018

Lofofora
Simple appareil tour
La Maroquinerie (Paris XXè)

Déjà lors de l’annonce de la sortie imminente d’un nouvel album acoustique de Lofofora, on avait de quoi être dubitatif. Alors quand on aime depuis longtemps ce fer de lance de la scène hardcore-métal-punk de chez nous, l’idée d’un concert sans grosses guitares laissait pour le moins perplexe.

Puis l’arrivée de l’album a vite rassuré. Le groupe qu’on connait est bien là, inspiré et affuté. De même l’arrivée à La Maroquinerie ce jeudi : le public rock parigot est au rendez-vous. Salle pleine et chaude, vibrante d’un enthousiasme mérité pour Still, la première partie plus ricaine que nature. Yeeeeha.

Mais les choses sérieuses ne tardent pas, et l’entrée dans le concert se fait par le début du nouvel album, Les boites, premier morceau à la hauteur, c’est une habitude depuis longtemps chez Lofo, suivi d’un L’appétit de circonstance, ici comme sur l’album. Bien sûr, on attend aussi les vieilles chansons mises au régime sans satu ni disto, ça commence dès le troisième morceau, Pyromane, puis ça monte crescendo dans la fréquence et l’intensité pour culminer lors d’un Autopilote et d’un Pornolitique où tout le monde oublie être venu à un concert acoustique. L’épreuve du contraire, album studio précédant ce Simple Appareil, est le plus cité, mais c’est bien Le fond et la forme qui finit d’embraser la fosse.

L’honneur est sauf côté pogo et brailleries, mais il faut reconnaître qu’une fois la mèche de la fête rock allumée dans le public, difficile pour beaucoup de se calmer suffisamment vite pour pleinement recevoir les nouvelles chansons minimalistes quand elles repointent le bout de l’intro. Dommage pour Les Anges, par exemple.


Mais l’énergie du groupe comme du public reprend vite le dessus pour ne plus voir le temps passer jusqu’à la fin. Pas de faux rappel, ça fait plaisir, mais plein d’émotion avec le morceau Sven dédié au guitariste de Parabellum mort l’an dernier, enchainé sur le dernier morceau de Simple Appareil, Le Martyr, dont le final prend tout son sens en conclusion de cette belle transe ayant une fois de plus saisi tout un concert de Lofofora, décidément en pleine forme, même sans jouer les gros bras sonores.

Impressionnant de maitrise et de volonté, le groupe prouve définitivement que toute l’énergie qu’il insuffle ne vient pas (que) de ses amplis.

Setlist : Les boites, L’appétit, Pyromane, Contre les murs, Troubadour, Les gens, La dose, La splendeur, L’histoire ancienne, Autopilote, Les anges, Enfant du chaos, Pornolitique, Double A, Le forçat, Le fond et la forme, Sven, Le martyr

Max, le 9 juin 2018

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Première chronique sacrément chiadée ! Une bonne nouvelle que tu rejoignes enfin l'équipe de La Désannonce, Max. Ta présence va permettre de varier un peu les genres abordés ici, et ta plume apporter un peu de fraicheur. Je supprime mon post consacré à ce même concert, non sans redire le plaisir que j'ai eu d'être dans cette ambiance, et la formidable osmose ressentie tout au long de la soirée entre le groupe et le public présent dans un lieu favorable à la convivialité. Merci à Reuno et Phil, merci à toi, Max. Bises à Elie, troisième larron de cette chouette soirée, bises aux girls. - DK

[Concert] Ange @ Café de la Danse

(appareil photo oublié)
- 4 juin 2018

Ange
Heureux Tour
Le Café de la Danse (Paris 11è)

En Franche-Comté, tout vieillit bien ! Les arbres, le fromage, la littérature... Prenez Hugo, ça n'a pas pris une ride, Les Misérables ! Eh bien pour le rock, c'est pareil. A l'occasion du Heureux Tour, le groupe Ange - un tout jeune homme ! - faisait escale à Paris, du coté du Café de la Danse, pour le plus grand plaisir de son public de la capitale, sans doute tout aussi impatient que moi de laisser la poésie et les saturations de la compagnie Décamps, Décamps and Friends nous ensorceler. Un rendez-vous qui a tenu toutes ses promesses, mais qui aurait peut-être pu aller au-delà...

Passée la première partie - une sorte de Vianney en un peu moins con peut-être -, c'est dans une chaleur suffocante que le concert débute. D'emblée, plus question de mariner dans la torpeur des lieux. L'énergie nous saisit. Une alternance de chansons récentes et de classiques, toutes accueillies avec le même enthousiasme, le choix des chansons est équilibré, même s'il manque un peu d'originalité. Son pas mal, j'ai trouvé les voix un peu surmixées, mais Max qui découvrait Ange sur scène m'a dit que cela lui avait permis de mieux saisir les paroles.

Christian démarre tranquillement, mais tourne rapidement à plein régime. Tristan se démène entre ses trois claviers et ses parties chantées. Hassan est au rendez-vous, inébranlable du haut de son talent. Thierry est dans le groove, comme d'hab'. La batterie de Benoit est peut-être un brin sous-mixée, elle, mais toujours aussi carré, l'gars. C'est du bon, on est dedans. Allez, c'est vrai que parfois, ça ferait du bien d'entendre la voix de Caroline Crozat, m'enfin... Il fait très chaud dans la salle, et l'ambiance l'est tout autant - bien plus chaude qu'à l'Alhambra, et même qu'au Trianon.

Tout se passe bien. Il manque juste une chose : un peu de surprise. Elle est là, dans la découverte des chansons récentes, mais elle manque un peu dans le choix des chansons anciennes (je ne parle pas ici des classiques comme l'Apprenti sorcier, le Chien ou le Captain). Y a Quasimodo certes, mais La gare de Troyes, la Ballade, déjà faites lors de tournées récentes... Le répertoire Ange ne manque pourtant pas de merveilles à remettre au goût du jour... A quand Les fous demandent un roi (le solo final par Hassan, ça doit être quelque chose) ou Caricatures ? On aimerait tellement les entendre à nouveau, ou tiens, que Tristan s'en empare, plutôt qu'il nous resserve une nouvelle fois son Harmonie, déjà au programme lors de la tournée précédente, et qui perd un brin de sa superbe - un petit manque de travail vocal ? C'est dommage !

Mais bon, il en aurait fallu bien plus pour gâcher cette belle soirée de rock'n'roll. Max convaincu... Même l'ami Ronan, croisé par hasard, était content de sa soirée... Mon sixième concert de Ange, un bon concert, sans aucun doute. Vivement le prochain. A bientôt sur la vie, à toujours sur le rêve.

DK, le 5 juin 2018
Pensées pour Jean-Dominique et Alban. Pensées pour Monsieur Richard.

[Théâtre] Paroles gelées (m-e-s Jean Bellorini) @ Théâtre Gérard Philippe CDN

- 27 mai 2017

Paroles gelées (d'après François Rabelais)
Mise en scène : Jean Bellorini
Théâtre Gérard Philipe (TGP) - CDN Saint-Denis

-- ATTENTION ! SPOILER --

C'est vrai que l'absence de comédiens sur scène pendant que les spectateurs s'installent aurait du me mettre la puce à l'oreille. Qu'est-ce que ce début tout à fait normal, et donc tout a fait inhabituel chez Jean Bellorini, pouvait-il bien cacher ?

Le noir se fait. Apparaissent au premier plan trois personnages (était-ce un premier puis les deux autres ?). On comprend assez vite - c'est la seule chose que je suis certain d'avoir comprise - qu'il s'agit des deux principaux protagonistes, Panurge et Pantagruel, accompagnés de celui qui sera le narrateur de l'histoire (le formidable Camille de la Guillonnière).

Ils sont devant un rideau noir. Dans un balai très Bellorinien, leurs paroles se croisent, s'échangent, se superposent. Le rythme de cette présentation nous emporte illico. C'est d'emblée plein de force, de finesse, d'humour, de justesse - cela ne me dérangerait finalement pas que la pièce que nous allons voir se résume à une série d'échanges, sans décor, sans rien d'autre que le mot sublimé.

Mais ces trois personnages s'écartent et le rideau noir tombe. La troupe apparait éparpillée sur cette scène brillante. Tous sont juchés, qui sur un escabeau, qui sur une chaise. Immobiles, ils débutent la narration, accompagnés par la musique savamment distillée d'un bassiste, d'un percussionniste (caisse claire, charleston et deux timbales) et d'un gars aux synthés, tous trois installés en arrière-plan. Un regard pour détailler les différents éléments qui composent la scénographie, toute en clair(<)obscur bien entendu, mais c'est à la parole des comédiens que s'en remet notre attention - d'autant plus que l'ouvreur avait été clair, il nous faudrait faire un effort pour comprendre.

Je vais être franc : je n'ai pas compris grand chose. Mais je me suis laissé charmé, surprendre, ravir par de superbes moments de théâtre. Le deuxième - l'incroyable dialogue (à trois) de présentation étant le premier - est sans conteste celui où l'un des comédiens présents sur cette scène inaugural se décide à bouger, à descendre de son "support", et pose le pied sur cette scène... qui aussitôt semble se dérober sous lui ! Si Lila et moi avions remarqué qu'elle brillait, nous étions à cent lieues d'imaginer qu'elle était une immense étendue d'eau. Le charme des premiers remous nous enchante, instant de grâce incroyable.


Ce qui me restera en premier lieu de ce spectacle, c'est la musique. Quel bonheur ! Elle donne au moment de la parole une résonance inouïe. Ce n'est évidemment pas la première fois que je relève cet élément majeur des mises en scène de Bellorini, mais je n'avais jamais autant senti sa présence. Peut-être l'attention que je n'accordais plus au récit s'est-elle reportée sur elle ?

Il y a les airs, les chansons qu'on attend presque (avec le Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, qui m'est intimement cher, moment bouleversant ; avec ce crooner improbable qui sort de nulle part pour un Still loving you surjoué et à moitié faux, mémorable !). Il y a ces moments où, non contents de la parole, les comédiens eux-mêmes s'en emparent. Il y a surtout sa présence - qui tient presque de l'omniprésence -, tout au long de la représentation. Et cette énergie, cette profondeur, cette chaleur, qu'elle seule porte... La musique !

Ce que je ne suis pas prêt d'oublier non plus, c'est la prestation de Karyll Elgrichi. A volé en éclat mon souvenir d'une comédienne parfois un peu dans la démonstration, dans la posture. Bien plus convaincante dans Karamasov que dans Tempête sous un crâne, elle a fini de me mettre totalement dans sa poche. Son dialogue avec Panurge, lorsque tous deux parcourent le corps de Pantagruel, le dialogue de deux enfants, plein de spontanéité et de simplicité... Merveilleux ! Et le charme fou de cette scène où, au centre d'une corolle lumineuse, elle est devenue une femme, portant une robe de mariée qui lui est tombée dessus, et qui semble très lourde, très lourde à porter... Bouleversante !

Évidemment, quand tout ou partie du sens de ce qui se déroule vous échappe, certains moments semblent un peu longs. Le fait d'être un peu perdu largement compensé par la beauté incroyable, la drôlerie, l'émotion de certains instants, par la conviction d'une troupe de comédiens remarquables, par ce tout qui fait la patte Bellorini (on attend avec impatience le programme de la saison prochaine). Par le plaisir de passer un chouette moment avec Lila.

PS - T'as manqué, Frédo.

DK, le 3 juin 2018

[Concert] Andras Schiff, David Zinman, Orchestre de Paris @ Philharmonie de Paris

- 23 mai 2018

Andras Schiff, David Zinman, Orchestre de Paris
Arthur Honegger, Symphonie N° 2 - Charles Koechlin, Le livre de la jungle (les Bandar-Log) - Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano N° 4
Philharmonie de Paris

La première partie, ne m'en voulez pas mais nous passerons rapidement (même si la Symphonie de Honegger, oeuvre pour les seules cordes à l'exception de quelques mesures de trompette, mérite d'être réécoutée)... C'est pour mon concerto préféré de Ludovic de Bonn que j'étais à la Philhar' l'autre soir. Et c'est comme tapis dans l'ombre que j'étais entré dans la salle. Prêt à pester contre son incapacité à faire quelque chose de qualité avec les oeuvres auxquelles il s'attaque, à rager un "ah, l'Orchestre de l'Opéra, c'est autre chose !" tout en mauvaise foi (bien entendu), à dire les pires horreurs au sujet de l'Orchestre de Paris. Bien vite, le bougon a compris qu'il devrait rester dans l'ombre. Car c'est un très beau concerto que nous ont donnés Andras Schiff et notre régional de l'étape.

Dès les premières mesures, on est dans le ton. La légèreté, surtout. Parfois pataud (comme lors de la première partie, par exemple), l'orchestre semble cette fois touché par la grâce. Les attaques sont justes, les enchainements pleins de douceur, c'est un régal. Même le violon de Philippe Aiche enchante. Une mention toute particulière aux cors, d'une précision redoutable. Les esprits chagrins pourront peut-être lui trouver un manque de fantaisie. Pour ma part, cette interprétation m'a réconciliée avec l'Orchestre de Paris.

A ses côtés, Andras Schiff va faire bien plus que suppléer la défection (assez mystérieuse) de Maria Joao Pires. Parfois un peu lourd dans son exécution (qui ne l'est pas pour celui qui a la version de Pollini pour référence ?), c'est dans son moment seul qu'il va me ravir. S'amusant avec les airs de ce premier mouvement, répétés avec une gravité très Beethovenienne, déclinés dans une succession d'envolées mélodiques aux expressions Mozartiennes, avant de s'évanouir dans une sorte de torpeur toute en intériorité... Superbe ! - franc succès et deux bis à la clé.

Mettez de côté le mouvement de moulinet incessant des bras du chef Zinman... C'était une belle soirée, LvB à l'honneur !

DK, le 28 mai 2018

[Concert] Philippe Jordan, Orchestre de l'Opéra national de Paris @ Philharmonie de Paris

- 15 mai 2018

Philippe Jordan, Orchestre de l'Opéra national de Paris
Piotr Ilitch Tchaikovski, Symphonies N° 3 et 6
Philharmonie de Paris


Quelle clarté, quelle précision, quelle énergie, quelle douceur ! Brillant !

[Concert] Lars Vogt, Daniel Harding, Orchestre de Paris @ Philharmonie de Paris

- 9 mai 2018

Lars Vogt, Daniel Harding, Orchestre de Paris
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano N° 3 - Johannes Brahms, Symphonie N° 3
Philharmonie de Paris

Madame Maria Joao Pires ayant suspendu sa carrière, c'est à Lars Vogt que revenait la tâche d'accompagner DJ Harding et l'Orchestre de Paris pour une soirée sous le signe du 3 : troisième concerto pour piano de Ludovic de Bonn, troisième symphonie de Johannes (Aimez-vous...) Brahms. Une bien belle soirée, de très beaux moments, d'autres moins emballants, qui, au final, l'emporteraient s'il n'y avait le plaisir inaltérable d'écouter de la musique, et deux superbes oeuvres dans une salle fabuleuse. De ses prémices au romantisme le plus abouti...

Au rayon des (très) belles surprises, le premier mouvement du Concerto. Dès les premières notes se sent la volonté de DJ Harding d'insuffler une vraie énergie à cette oeuvre. La cadence est vive, un brin déstabilisante. Et si Lars Vogt joue le jeu, malgré des premières notes manquant un peu de délié, c'est l'Orchestre de Paris qui a du mal, et qui se traine. Les cordes sont presque fades, les vents roulent au diesel, seuls les cuivres proposent de belles couleurs.

C'est de la partie seule de Lars Vogt que va venir le ravissement. Il se sert de l'énergie impulsée depuis le début pour une attaque très ferme, pleine, chantante. Puis, sans que l'on ne s'en rende compte, s'installe une légèreté sans cesse contrariée, très Debussienne. La surprise est complète, complètement enthousiasmante. Ce sera le moment de grâce de la soirée - avec le Rondo peut-être, auquel Vogt donnera les mêmes accents...

Dans la deuxième partie, on s'ennuierait presque s'il ne s'agissait pas d'une oeuvre  exprimant de splendides émotions. Le décalage entre la volonté de DJ Harding et ce que lui rend l'Orchestre est à certains moments quasi palpable. Et l'on ne sait finalement pour qui avoir de la peine : celui qui voudrait nous émerveiller ou ceux qui ne parviennent pas à suivre.

Tout cela ne nous empêchera pas de profiter du plaisir d'un bis, d'encore un peu de DJ Harding...

DK, le 13 mai 2018

[Concert] Anti RubBer brAiN fActOrY @ Studio de l'Ermitage

- 17 avril 2018

Anti RubBer brAiN fActOrY
MArOkAït
Studio de l'Ermitage (Paris 20è)

L'élan de vitalité musicale impulsé l'Anti Rubber Brain Factory de mon ami Yoram Rosilio et de ses compagnons de musique a fait vibrer le studio de l'Ermitage, à l'occasion de la présentation du dernier opus du groupe intitulé Marokaït. Une superbe soirée à la clé.

L'occasion de redire cette banalité, mais bel et bien essentielle : la musique est un art vivant. L'écouter grâce à un CD, un MP3, un vinyl, une bonne vieille cassette (normale ou chrome), c'est déjà un kif. Même dématérialisée par tous les bouts, la musique reste une chose délicieuse. Aller voir les musiciens donner vie à cette musique, c'est tout autre chose.

Merci l'ARBF !



Plus d'infos chez Le Fondeur De Son

DK, le 19 avril 2018

[Concert] Dominique A @ Philharmonie de Paris

- 14 avril 2018

Dominique A
Philharmonie de Paris

A(h) ce gArs ! Il n'est pas le patron - bien trop humble dans tout ce qu'il fait, dans tout ce qu'il est, pour prétendre à un titre aussi ridicule. Il n'est l'héritier de personne - fruit de son époque, d'une forme d'intemporalité aussi. Il n'est la copie de rien, et moins encore de lui-même - totalement inimitable. Il ne fait pas beaucoup de bruit - faudrait-il qu'il en fasse davantage pour que ses contemporains perçoivent combien son talent est rare ? Il n'est ni du star-system, ni de la compromission. Il est là, avec nous, simplement. Un des tout grands de la chanson, Dominique A.

Magnifique concert samedi soir à la Philharmonie de Paris. En formation "électrique", accompagné de ceux qui semblent être les mêmes musiciens que lors de sa précédente tournée - deux batteurs, c'est notable et appréciable -, le ton est très vite donné : aucune concession faite au lieu, de la saturation, du gros son, de la sueur, du rock ! Une setlist très équilibrée, parcourant les différentes époques de sa création. La plus récente, la plus "volumineuse" en termes de son, forcément privilégiée du fait de la formation présente sur scène, mais un vrai travail de réorchestration pour les oeuvres plus anciennes, plus minimales (le même travail sur d'autres, plus récentes)... Surprenant ! Ravissant ! Terrible !

Et surtout, un Dominique A bel et bien présent pour nous. Sa voix, précise, semble inaltérable. Sa musique, pour laquelle il semble déborder de passion à chaque instant. Son charme, pas seulement sur ses déhanchés vigoureux (parfois très Morrisseyiens, non ?). Les échanges entre les chansons avec un public qu'il sait fidèle, nous qui sommes présents pour lui, des mots simples et tendres, faits de l'humilité qui le caractérise si bien.

Restera tout de même un mystère : la salle. Pourquoi ici et pas ailleurs ? Pourquoi opter pour un répertoire rock dans la salle Pierre Boulez, alors que son architecture comme son acoustique se seraient peut-être mieux prêtés à un programme plus intime, tel que celui prévu le lendemain à la Cité de la Musique ? Sa taille ? Mais avec une légère sonorisation, c'était parfait. Manière de récital post-punk, si vous voulez... On ne peut pas dire que le rendu acoustique fut une franche réussite - au contraire de celle du Châtelet lors de la précédente tournée. Pas de quoi nous empêcher de kiffer... Méchamment !

[Je dois bien dire que, si j'ai un grand regret, c'est qu'il ne disposât pas encore de cette salle en 2012, lors de la sortie de Vers les lueurs, et de la tournée avec l'orchestre d'instruments à vent et de cuivres qui l'accompagnait alors... Dans ce lieu, cela aurait été parfait.]

Un grand, Dominique A. Un grand merci, Dominique A.

DK, le 17 avril 2018

[Concert] Noel Gallagher's High Flying Birds @ L'Olympia

- 4 avril 2018

Noel Gallagher's High Flying Birds
L'Olympia

Noel, impeccable. Bonne voix, très peu de faussetés, assez d'énergie pour arriver à faire bouger ses deux sourcils en même temps, humeur plutôt cool, bon choix de chansons, très bien. Son band, agrémenté de Gem Archer, ex-Oasis, impeccable - si je mets de côté cette joueuse de ciseaux (oui, oui) qui m'insupporte, et que j'imagine bien plus sur un stand du salon mondial du Quinoa que sur une scène rock. La scénographie toute en projections en arrière-scène, impeccable - même si les derniers rangs, dans lesquels, en bon agoraphobe que je suis, je me réfugie souvent, ne pouvaient profiter pleinement à cause du balcon. La salle, impeccable. La bière un peu chère mais ça va, le merchandising pas trop. Tout bien. Pourtant y a un truc qui ne colle pas.

Le concert est annoncé à 21h, à 20h59'55, le noir se fait. Les chansons s'enchainent dans une excellente restitution de ce qu'elles sont dans l'album, pas plus. Les "reprises" d'Oasis sont forcément l'occasion d'être un peu surpris, rien de transcendantal néanmoins. Pas la moindre réelle envolée flamboyante sur sa guitare. La setlist est jouée en parfaite copie de celle de la veille (elle a tourné sur les réseaux sociaux), rien n'a bougé. Très peu d'interactions avec la salle, les rares paroles à l'adresse du public sont archi-convenues - pas un mot sur le match de Manchester City en cours, son City, notre City, mais on a droit une énième fois au "j'ai écrit Don't look back in anger à Paris". Et puis cette fin sur All you need is love... limite ringard 2000.

Oh ! C'est quoi ce bordel, Noel ?! On parle rock'n'roll là ou quoi ?! On n'a pas payé une blinde pour comparer notre vieillissement au tien, gars. On est là pour le show ! Musique, sueur, cris, passion, la totale !On n'est pas au salon mondial du quinoa, bordel ! On est des lads ou quoi ?! On est des jeunes ou quoi ?! Car oui, la bonne surprise de la soirée, c'est nous, les jeunes dans la salle. Ambiance assez dingue ! Ca chante, ça danse, ça applaudit avec vigueur, ça se manifeste bien entre les chansons... Est-ce vraiment le même public hyper froid du Zenith en mars 2015 ? Probablement. Comme quoi...


Oui, parce que malgré tout, on a passé un bon moment. Tiens, ne serait-ce que pour avoir chanté tous ensemble Wonderwall, ce fut une très bonne soirée. Pour mon plaisir particulier de l'entendre jouer Half the world away plus encore. Et parce que Manchester est debout aussi quand tu chantes, we love you, Chief.

DK, le 12 avril 2018

[Concert] Khatia Buniatishvili @ Philharmonie de Paris

- 6 février 2018

Khatia Buniatishvili
Johannes Brahms, Sonate N° 3 - Piot Ilitch Tchaikovski, Casse noisette - Franz Liszt, Mephisto & Rhapsodie espagnole
Philharmonie de Paris

Parfois, sans que l'on sache vraiment pourquoi, l'industrie musicale - au sens large - propulse au devant de la scène un ou une artiste qu'elle nous présente comme son nouveau joyau. Il ou elle est en général plutôt jeune, sympathique - dans une certaine idée que l'on se fait de la sympathie dans ces milieux -, présente bien, charismatique lors des interviews... Un bon produit, quoi. Si jamais il ou elle est dotée d'un réel talent, ce n'est que mieux. Mais rassurez-vous, dans le cas contraire, cela n'empêchera pas ce monde du marketing d'en faire sa vitrine. Je pourrais citer un ou deux noms dont on entend bien trop parler dans les médias au regard de ce que leur talent donne sur scène, je passe.

Il faudra plus que Khatia Buniatishvili pour me convaincre que c'est sur leur musicalité que se font les réputations des musiciens de nos jours. Je dois néanmoins reconnaitre que c'est une prestation pour le moins convaincante qu'a livrée la pianiste "à la mode" ce soir-là.

Son entrée, d'abord. Vu comme elle maitrise l'exercice, on imagine qu'elle n'est pas dupe, et qu'elle sait bien que c'est tout autant la star médiatique que la pianiste qui est attendue - je pourrais vous raconter les bavardages d'avant-concert autour de moi. Elle entre, salue rapidement tout autour d'elle, s'assied et joue. Qu'importe si les applauses ne sont pas finies, qu'importe si elle n'est pas bien installée (elle rectifiera rapidement son assise tout en jouant), elle semble être là pour le piano, le piano et rien d'autre. (D')entrée appréciable.

Et là, c'est parti ! Tout d'abord la sonate de Brahms (Robert Schumann dit de cette oeuvre qu'elle ressemblait à une symphonie cachée), qui lui permet d'emblée d'étaler toutes les facettes de son jeu. Sa haute technicité, sa vigueur dans les moments les plus amples - l'attaque du premier mouvement -, sa délicatesse dans les nuances - un mouvement lent d'une émotion incroyable. Les intentions sont justes, le toucher est clair, tout est limpide, c'est très beau. Avec Tchaïkovski, elle ajoute une dose de virtuose, histoire de bien scotcher tout le monde. Vingt minutes d'entracte, histoire de reprendre nos esprits.

Et on repart avec Liszt ! Son piano danse, virevolte, nous envoute, la magie opère. Evidemment, le répertoire plus virtuose de cette deuxième partie de programme lui permet des envolées incroyables. Mais on la suit, on ne peut faire autrement. Et quel plaisir !

Alors oui, tout au long de la soirée, son expression corporelle nous charme - et je parle ici moins de son physique tout en sensualité que des élans de sa tête ou de son buste, le mouvement de ses cheveux, et bien évidemment le ballet de ses bras et ses mains. Mais c'est par ce jeu plein d'éclat, de douceur, de conviction, que Khatia nous met tous dans sa poche. Franc succès, amplement mérité. Un très beau concert.

DK, le 14 février 2018

[Concert] David Grimal, Les Dissonances @ Cité de la musique

- 27 janvier 2018

Les Dissonances, David Grimal
Maurice Ravel, Pavane pour une infante défunte & Alborada del gracioso - Edouard Lalo, Symphonie espagnole - Claude Debussy, Iberia
Cité de la musique

La belle découverte du soir, ce ne fut pas la grâce de Les Dissonances, ensemble musical unique, et pas uniquement parce qu'il se passe de chef - quel bonheur, néanmoins. Ce ne fut pas non plus la virtuosité du coup d'archet de David Grimal, très chantant, plein de caractère, de délicatesse aussi. Non, cette belle découverte, ce fut la Symphonie espagnole de Edouard Lalo - étrangement intitulée, car cette oeuvre ressemble davantage à un long concerto pour violon qu'à une symphonie.

Après une Pavane manquant d'un brin de majestueux, voilà le moment du régal. De superbes harmonies, une savante alternance de moments enjoués, très symphoniques, et d'autres plus mélancoliques, hispanisants. Le charme opère tout au long, jusqu'au (bouquet) final, ce Rondo, moment sublime où la virtuosité du violoniste éclate devant nous. Fabuleux ! David Grimal nous enchante, nous transporte, nous élève vers des champs de grâce merveilleux.

Sur sa lancée, il nous délivre un rappel d'une émotion rare, le premier mouvement, intitulé L'Aurore de la Sonate N° 5 de Ysaye.

Conséquence de cette claque totale, je fus bien incapable de suivre quoique ce soit pendant la deuxième partie du concert. Navré Maurice, navré Claude - il me faudra absolument réécouter cette Iberia.

DK, le 5 février 2018

Merci à l'ensemble Les Dissonances.

[Concert] Piotr Anderszewki, Jonathan Nott, Orchestre de Paris @ Philharmonie de Paris

- 24 janvier 2018

Piotr Anderszewki, Jonathan Nott, Orchestre de Paris
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano N° 1 - Franz Schubert, Symphonie N° 9
Philharmonie de Paris

Un concert comme un bon vieux repas de famille. Dans le rôle du plat bien traditionnel - mettons, un pot-au-feu -, un concerto de Ludwig et la Grande symphonie de Schubert. Dans le rôle du cousin sympa mais un peu lourd... sympa, hein ?.. mais un peu lourd... l'Orchestre de Paris. Dans le rôle des "nouvelles têtes", trop discrets pour qu'on en sache bien plus à leur sujet en repartant, Piotr Anderszewski au piano et Jonathan Nott à la baguette. Dans le rôle du lieu qu'il est toujours bon de retrouver, la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Soirée sympa, tu ressors content, m'enfin c'était pas non plus l'éclate, quoi.

Le concerto ? Interprétation de qualité, malgré de vraies carences en termes de grâce dans le toucher du pianiste - qui en est pourtant capable, comme son brillant bis (Leos Janacek, Sur un sentier recouvert - livre II) l'a prouvé. La symphonie ? Rythmée mais manquant cruellement d'énergie. Le souvenir de la superbe interprétation donnée par le Gewandhaus et le maestro Blomstedt il y a quelques semaines était encore trop vif dans ma mémoire pour que l'Orchestre de Paris ne souffre de la concurrence. Toujours un peu pareil avec ce dernier : plutôt convaincant dans les moments énergiques, beaucoup moins dans les moments plus calme, et au final bien du mal à maintenir une unité tout au long de l'oeuvre.

Pas la folie, c'est clair, mais une chouette soirée tout de même.

DK, le 30 janvier 2018