[Concert] Daniel Harding, Orchstre de Paris @ Philharmonie de Paris

- 6 septembre 2017

Daniel Harding, Orchestre de Paris
Henry Purcell, Musique pour les funérailles de la Reine Mary - Gustav Mahler, Symphonie No 6 "Tragique"
Philharmonie de Paris

D'accord, notre orchestre local n'est pas le plus grand de son époque - sinon la saison 2017/18 de la Philharmonie de Paris n'aurait pas été ouverte par le Berliner -, il lui manque sans doute un petit quelque chose dans la pâte sonore pour cela. D'accord, la comparaison avec la fabuleuse version livrée par le LSO et Sir Rattle la saison dernière allait être difficile à tenir. Pour autant, c'est une belle soirée de rentrée, énergique, dynamique, moderne aussi, que nous ont offerts l'Orchestre de Paris et son directeur musical, DJ Harding. Public parisien ravi, Fred et moi idem.

Harding, c'est mon nouveau chouchou - incroyable comme il me fait penser à Marius. Je n'ai donc aucun mal à dire que c'est avant tout à son talent que nous devons le plaisir de cette soirée. D'abord, un choix d'oeuvres qui porte clairement sa griffe. La très vibrante et "so british" Musique pour les funérailles de la reine Mary de Purcell en introduction ; une symphonie de Mahler, la merveilleuse No 6 dite Tragique - assurément le choix de celui qui vient d'être nommé chef  émérite du Mahler Chamber Orchestra, après en avoir été le directeur musical cinq saisons durant. Un superbe programme.

Ensuite, une interprétation pleine de justesse. Beaucoup de délicatesse, de douceur, pour Purcell - des lèvres, il accompagne le choeur qu'il est en train de diriger. Puis l'énergie, la vitalité, la force pour Mahler - et là, ce n'est plus par un simple mouvement des lèvres qu'il accompagne son équipe, c'est tout son corps qui plonge dans la musique. Totalement habité du début à la fin. Il part vers Mahler, il fonce vers lui. Et il nous emmène. Et il se démène, il n'arrête pas. Pris par l'élan d'un moment fougueux lors du superbe Finale, il envoie sa baguette voler derrière lui. La salle s'en amuse. Lui en saisit une autre aussitôt, et repart vers sa prochaine envolée. Et l'orchestre s'en sort plutôt bien à le suivre.

Il y a encore ce parti-pris au moment d'enchainer les oeuvres, réelle touche de modernité. A la fin de son dernier air, le choeur qui vient d'interpréter la Musique pour les funérailles se retire sur la marche finale. Inhabituel, surprenant, on ne comprend pas trop. Mais DJ Harding nous donne bien vite la raison. A peine un silence entre le moment où s'achève la première oeuvre et celui où débute la suivante ! Pas d'applaudissements, - évidemment - pas d'entracte, pas de perte de rythme, bim ! il enchaine. D'un instant à l'autre, la marche de Purcell a laissé place à la marche de Mahler. Bien sûr que la durée très réduite de l'oeuvre jouée en "introduction" aide à cela. Mais bien plus qu'un effet de circonstances, il y a une vraie fraicheur dans cette façon de défaire les codes - l'expression d'une forme d'humilité aussi.

C'était un beau concert de rentrée pour ce tout jeune cinquantenaire qu'est l'Orchestre de Paris. Souhaitons-lui un heureux jubilé !

DK, le 7 septembre 2017


2 commentaires:

Frédéric Bons a dit…

Et tout ça pour 10 euros... La musique n est pas dans la rue mais avec la philharmonie on y est presque

Frédéric Bons a dit…

Et tout ça pour 10 euros... La musique n est pas dans la rue mais avec la philharmonie on y est presque

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