- 6 décembre 2016
Murray Perahia, Academy of Saint-Martin in the Fields
Ludwig van Beethoven, Coriolan (ouverture) ; Concertos pour piano N° 2 et 4
Philharmonie de Paris
"- Murray Perahia, mardi, ça te dit ?
- Plus que tentant, mais je le vois jouer le même programme en février prochain à London avec ma soeur...
- Tu pourras comparer.
- Allez d'accord !"
Julien n'a pas vraiment eu à s'employer pour me convaincre de le suivre à la deuxième soirée parisienne de la tournée Beethovenienne de Murray Perahia et de l'ASMF. Je m'étais pourtant refusé de "doubler" Philharmonie et Barbican - entrainant probablement un peu Fred dans ce refus, j'espère qu'il ne m'en tiendra pas trop rigueur -, mais j'ai craqué. Ce programme, taillé sur mesure ! Mes deux concertos préférés de Ludovic de Bonn et cet air qui nous remonte de bien loin, mon hôte et moi, un soir d'amitié, soir de danse et d'ivresse - prophétisé par Ferré en 1982 dans la chanson nommée "Ludwig" ; il ne sait pas ça, mon ami... Le souvenir des superbes concertos 1 et 3 joués il y a quinze jours par la même équipe... La chance de pouvoir vivre de superbes moments de musique... Difficile de résister - et comment regretter ? Merci Julien.
Et à nouveau cette énergie ! Coriolan, donc, très joliment interprété - notez que l'orchestre joue alors sans chef, et c'est bien quand il n'y a plus de chef . Un Concerto N° 2 tout à fait somptueux. Perahia au sommet dans sa partie solo du premier mouvement, alternance de moments de gravité et de douceur donnant, à mon goût, un souffle très Beethovenien au plus Mozartien des concertos de Ludwig. Et quel entrain ! tout au long de l’œuvre - et du concert. Allez, un brin trop dans le deuxième mouvement pour moi qui suis tenu par la version de Glenn Gould avec Ernest MacMillan.
Un aparté.
Un spectateur assis pas loin de nous a eu la tentation d'applaudir ce deuxième mouvement, et s'est aussitôt fait rembarrer, ce que je trouve profondément injuste. Loin de moi la volonté, avant même de les remettre en cause, d'interroger sur ce que l'on appelle les usages. Tentons un peu de discernement. Quelqu'un que l'on rabroue parce qu'il déroge à la règle quand vient la fin du deuxième mouvement, c'est quelqu'un qui n'y a pas dérogé à la fin du premier. Qui connait donc la règle. Or, si, malgré cela, lui vient malgré tout l'envie de la dépasser, c'est qu'il ou elle a une bonne raison de le faire. Exprimer de la gratitude, de la satisfaction, du plaisir, que sais-je, son sentiment. "La musique, unique vecteeeur d'émôtions !" N'est-ce pas ce qui est écrit dans les très beaux livres rangés dans les très belles bibliothèques de tous ces gens qui font "chuuut" lorsque quelqu'un exprime les siennes ? Vraiment, la loi ne fait pas de sentiment.
Je reprends.
Le Concerto N° 4, mon chouchou... Si mon impression que Perahia a peut-être un peu de mal à garder l'élan qu'il donne à ses interprétations lors de la deuxième partie du concert s'est un peu confirmée (il a bien bouffé quelques notes par ci par là dans le 2 mais moins que dans le 4), l'émotion resta intacte. Léger, très ferme pourtant, un toucher vraiment remarquable. Parfois un peu trop de manières, mais tant de grâce ! Ouais, vraiment, bravo Murray ! Très chaudement salué par le public, en partie debout.
DK, le 7 décembre 2016
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