[Concert] Maxim Vengerov, Christoph Enschenbach, OdP @ Philharmonie de Paris

- 5 octobre 2016

Maxim Vengerov, Christoph Eschenbach, Orchestre de Paris
Jean Sibelius, Concerto pour violon  (Op. 47) - Antonin Dvorak, Symphonie N° 8 (Op. 88)
Philharmonie de Paris

"C'était parfait !"

Maxim Vengerov et le concerto pour violon de Jean Sibelius, l'un des plus grands violonistes de notre époque qui s'emploie sur l'un des chefs-d’œuvre de la musique (il en est presque un dépositaire puisqu'il est l'un des rares violonistes autorisés par la famille de Sibelius à en jouer la partition originelle), de quelle plus belle rentrée pouvais-je rêver ? (salut Daniel B., pardon Martha A.) L'attente était très forte. Le résultat a dépassé toutes mes espérances. Et je n'hésite pas à le dire - conscient que l'utilisation de ce mot exige une énorme prudence : si ce que Vengerov a fait ce soir a souvent tutoyé la perfection, ce qu'il a fait de la première partie du troisième mouvement était absolument parfait.

Qu'est-ce donc qui se passe dans un Maxim Vengerov quand il joue son concerto ? Quelles sont toutes ces choses - des notes, des mots, des pulsions, des forces... lui seul le sait - qui lui parviennent, le charment, l'étreignent, le pénètrent, le dominent, le bousculent, jusqu'à ce qu'il fasse virevolter son petit violon de trois cents piges, pour nous mener vers des firmaments de grâce. Un premier mouvement époustouflant - à fort juste titre applaudi... (La moindre des choses de la part d'un public qui a applaudi Gil Shaham après le premier mouvement de son bien médiocre concerto de Brahms lors de la saison dernière.) Un deuxième mouvement plus mélancolique - durant lequel le maitre nous gratifiera d'une fausse note... magnifique, forcément. Quant au troisième mouvement, il aurait fallu qu'il dure, et dure encore. Merci Maxim Vengerov - et pour le Bach en rappel.

L'Orchestre de Paris, qui a eu parfois du mal à se tenir dans les moments calmes du concerto, s'en donnera ensuite à coeur joie avec Dvorak, porté par une énergie qu'il avait un brin perdu en fin de saison dernière.  Quelle soirée ! Et le plaisir de retrouver cette salle qui m'avait manquée n'y est pas pour rien.

A suivre...

*
Relativement épargné jusqu'à présent, j'ai été confronté, pas directement mais presque, à l'un de ces spécimens d'un autre temps, public de "feu" Pleyel, disciples de Franck Ferrand, l'une de ces vieilles bourge' chagrinées, si ce n'est totalement paniquées, de devoir aller jusqu'en lisière du 9-3 pour écouter de la musique "civilisée". Pas contente, la madame ! Objet de son courroux ? Un scandale, jugez-en : un employé de la salle avait eu l'outrecuidance de... lui tendre un questionnaire destiné à connaitre notre ressenti ! (Oui oui, je sais...)

Elle apostrophe une ouvreuse et prend à témoin une autre spectatrice qui attend dans la coursive. "Oh mais vous vous rendez compte ?! On n'aurait jamais eu droit à ça à Pleyel ! Un questionnaire ! Et pour savoir qui je suis, mes coordonnées, des détails sur ma vie... Enfin ! Et puis ces questionnaires sont destinés aux gens qui ne viennent jamais au concert, pas à moi !"

Dans un autre cadre, dans lequel je m'adresse à un autre public que celui qui allait jusqu'alors écouter du classique dans les lieux dédiés, un public plus populaire, qui ressemble davantage à celui qui réside aux alentours de la Philharmonie par exemple, il m'arrive régulièrement de l'inviter à fréquenter cette salle - et notamment parce que les plus petits tarifs sont vraiment petits, et n'y sont pas synonymes d'éloignement ou d'inconfort. Si j'insiste auprès de ce public, qui pendant longtemps n'avait pas les moyens, et n'a donc pas l'idée, moins encore l'habitude d'y aller, c'est parce qu'à mesure qu'il y viendra, s'éloigneront peu à peu ces dinosaures égotiques et pédants.

DK, 6 octobre 2016

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