[Concert] Burning Heads @ La Maroquinerie

- 1er décembre 2017

Burning Heads
Tournée des trente ans
La Maroquinerie (Paris)

Un concert des Burning Heads, mon groupe fétiche de hardcore mélodique tendance skatecore, est toujours une fête pour moi. Mais quand il s’agit de célébrer leur trente ans de carrière à la Maroquinerie ce vendredi 1er décembre 2017, ça devient un événement incroyable. Ayant fait le nécessaire pour m’entourer d’une superbe bande de vieux (ou pas) punks sur le retour (Tom, Francesco, DK, Élie, Raph, Calou, Guitou…), cette soirée s’annonçait inoubliable… et elle aura tenu ses promesses !
    
Après une première partie très hardcore envoyée de manière hyper compacte par les allemands de Spermbirds (pas des perdreaux de l’année non plus !) vient un entracte surprise offert par un tribute band avec des vrais morceaux de mon autre groupe hardcore français préféré, les Thugs, dedans (Pierre-Yves à la basse ! Papapapa !). Quelques reprises de classiques punk, un Joyeux anniversaire par le chœur du public et les Burning rejoignent ces derniers sur scène pour un Break me down collégial : on ne pouvait rêver meilleur échauffement !!

Les choses sérieuses peuvent commencer. Un petit reggae pour mettre la machine en branle… « On s’appelle Burning Heads et on vient d’Orléans. » Sans blague ! Un rock encore du dernier album pour dérouiller les jointures, puis résonnent les premières notes de Reaction… la fosse s’embrase instantanément. Au nombre de voix qui répondent au « It’s not like any other… DAAAAAYYYYY !!!! », on sait qu’on est entre nous, que ça va être la haute énergie dans la foule comme sur scène. Le Angry sometimes qui suit immédiatement finit de convaincre tout le monde de se laisser aller au long d’une programmation hyper nerveuse et généreuse parcourant l’ensemble de leur production discographique.

Tous les albums sont abordés, dans un relatif désordre, mais faisant la part belle aux anciens, y compris le premier (1992, avec Nigel ! pas entendu sur scène depuis des lustres) mais surtout aux merveilles que sont le troisième (Super modern world, 1996) et le cinquième (Escape, 1999). Les meilleurs moments des plus récents Bad time for human kind (2006) et Spread the fire (2009) rivalisent sans problème avec l’avalanche de vieux classiques. Deux reggae permettent d’aborder les Opposite (2001 et 2007) et de reprendre son souffle… Le set se termine par quelques reprises habituelles mais bien senties (No way, Guns of Brixton), et trois derniers vieux morceaux. En tout, trente cinq morceaux exécutés sur les chapeaux de roue en un peu plus d’une heure et demie quasiment sans temps mort.

Mes meilleurs moments ? Trop nombreux pour les énumérer, mais je me souviens très bien de trois ou quatre moments de transe généralisée dans la foule… J’ai déjà évoqué l’étincelle Reaction enchainé avec Angry sometimes. Comme souvent, les morceaux issus de Escape ont fait une légère différence, à son paroxysme lors d’A bitter taste puis à l’enchainement Little bird/Fine ou comme toujours avec Who wants to know. Mais le tout meilleur restera le sentiment d’avoir partagé un étonnant morceau de bonheur collectif, un groupe simple et généreux et son public communiant dans la bonne humeur, les cris, les chants et le pogo. Bref, un grand moment de Rock’n Roll !

Le retour à la surface se fait en quasi-apesanteur et malgré le froid glacial, les retrouvailles entre amis et quelques dégustations du cocktail bière-pétard de rigueur nous maintiennent chauds encore un moment. Merci les amis ! Énorme merci aux Burning Heads !! Splendide anniversaire, encore meilleur qu’au festival C.N.T. de juin dernier ! Il aura vraiment fallu se retenir d’accepter l’invitation du groupe pour Bourges, lieu de leur concert du lendemain et de mon tout premier concert des Burning il y a… 25 ans. Puis on repart vidé, déchiré, pas pressé de retrouver le monde de merde si souvent dénoncé dans les chansons des Burning Heads, mais heureux. E.R.E.

Max, le 16 mai 2020.


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Setlist : (entre parenthèse : le disque d’où le morceau est issu et son année de parution)

We gonna party (Choose your trap - 2014)
A true life (Choose your trap - 2014)
Reaction (Dive - 1994)
Angry Sometimes (Super Modern World - 1996)
Gray (Be one with the flames - 1998)
Wrong (Be one with the flames - 1998)
Disobey (Spread the fire - 2009)
Show the way you really are (Bad time for human kind - 2006)
Handcuffed (Did you pay for this?)  (Opposite - 2001)
Super Modern World (Super Modern World - 1996)
Hard Drive (Taranto - 2003)
Competition (Spread the fire - 2009)
A whole life (Bad time for human kind - 2006)
Piece of cake (Dive - 1994)
A bitter taste (Escape - 1999)
Who wants to know (Escape - 1999)
Police in helicopters reprise de John Holt (Opposite - 2001)
An 01 (Taranto - 2003)
Sit & watch (Taranto - 2003)
S.O.S. (Escape - 1999)
Stick your heads up high (Choose your trap - 2014)
Twisted thoughts (Hear this - 2011)
Voice of the voiceless (Choose your trap - 2014)
Little bird (Escape - 1999)
Fine (Escape - 1999)
I was wrong (Opposite 2 - 2007)
In my head (1er album - 1992)
Break me down (Super Modern World - 1996)
Making plans for Nigel reprise de XTC (1er album - 1992)
Guns of Brixton reprise de The Clash (Escape alive ! - 2017)
Hey you (1er 45 tours - 1990)
No way reprise de The Adolescents (Escape - 1999)
Time’s up (Be one with the flames - 1998)
Swindle (Super Modern World - 1996)
Ooze (The weightless hits - 1997)

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Merci Max pour cette désannonce tranquille. La mienne est à retrouver ici. DK

[Concert] Ange @ Le Trianon

- 31 janvier 2020

Ange
Toute une vie d'Ange
Le Trianon (Paris)

Dix ans depuis mon premier concert de Ange. C'était à l'Olympia, pour les quarante ans de ce tout jeune homme du rock progressif français. Depuis, il y a eu l'Alhambra, par deux fois, le Café de la Danse il y a peu, le Bataclan - souvenir très fort -, le Trianon il n'y a pas si longtemps. Dix ans plus tard, à l'occasion des cinquante ans du groupe, Ange retrouvait Le Trianon, pour ce qui, de toute évidence, fut le meilleur de leurs concerts auquel j'ai pu assister. Quel anniversaire !

D'abord un petit mot sur la salle. On est à mille lieues du quarantième anniv' et de l'ambiance ultra coinços de l'Olympia. Là, ce ne sont que les imbibés pour de bon qui sont là. Un public conquis et heureux d'être là (parmi lequel, me fit remarquer Max, on fait presque figure de jeunots, youpi !),voilà une très bonne base pour une soirée mémorable.

Que dire de la première partie... "Surprise", que l'on annonçait... J'y avais pensé... Je n'osais y croire... Mais si ! Tristan Décamps ! Tout de blanc vêtu, tel un enchanteur, il éblouit les lieux de sa voix fabuleuse - autrement en forme qu'au Café de la Danse. Botticelli Serenade et le Bal des Laze (quand on arrive en retard, on ne sait pas tout...), deux merveilles pour tout de suite donner le la. C'est à une immense soirée que l'on va assister.

Début du concert, noir dans la salle... Et la voix de Christian qui, depuis la coulisse, nous donne le frisson avec Caricatures. Merveilleux. Soudain, la lumière jaillit de la guitare d'Hassan. Le solo de Le chien la poubelle et la rose ! Et revoilà Tristan pour Dignité, qu'il a merveilleusement revisitée il y a peu avec Francis ! De frissons en frissons, je quitte la Terre, je ne redescendrai que deux heures et trente minutes plus tard.

Lorsque Christian entre enfin sur scène, c'est pour être aussitôt entouré par Francis, son frère, et Daniel Haas, à la basse. L'émotion est immense sur "Le soir du diable". Et ce que j'avais tant espéré il y a dix ans pour la Quarantième Rugissante est en train de se produire ; la reformation du groupe originel. Malheureusement, Christian annoncera bien vite que Jean-Michel Brézovar, malade, ne sera pas de la partie (quid de Gérard Jelsch ?). Un brin de déception, rapidement emporté par une setlist remarquable, parcours dans une carrière fabuleuse.

Et la présence d'autres anciens membres de l'aventure Ange qui, ce soir, jubile - cinquante berges, nom de dieu ! Serge Cuenot, Laurent Sigrist, Fabrice Bony... Mais le grand plaisir, indéniablement, c'est de retrouver Caroline Crozat - qui s'amusera d'un "reviens, Caro !" lancé par quelqu'un dans la salle, avec un "c'est tentant", très tentant. Elle nous offrira notamment une version de Fou, accompagné par l'accordéon de Francis, tout à fait anthologique !

Moments inoubliables : une interprétation de Réveille-toi par Tristan absolument poignante, qui m'amène à poser une nouvelle fois la question : Tristan Décamps n'est-il pas, actuellement, le meilleur interprète de la chanson française ? Et puis, cet Hymne à la vie fabuleux, avec tout le monde sur scène, et puis un peu plus d'émotion que d'habitude, peut-être... Christian qui nous dit bien comme à l'accoutumée "à toujours sur le rêve", mais qui oublie le "à bientôt sur la vie" qui le précède... La gorge qui se serre un peu. Pourtant, indéniablement, une soirée pleine d'une énergie incroyable, une soirée pleine de vie !

Merci Ange, merci !

(Je vais me livrer à un exercice que les gens de UPDLM n'apprécient guère, je leur en demande excuse dès maintenant, mais pour rien oublier de cette soirée unique...)

La setlist : Caricatures (Christian, a cappella) - Le chien la poubelle et la rose (solo final) - Dignité (Tristan) - Le soir du diable - Fils de lumière - Les longues nuits d'Isaac (groupe vocal "Choeur de chauffe") - Sur la trace des fées - Ode à Emile - Réveille-toi (Tristan) - Captain coeur de miel - Vu d'un chien - La gare de Troyes - Fou (Caroline et Francis, accordéon) - (Je ne suis) Là pour personne - Crever d'amour (Caroline et Tristan) - La ballon de Billy - L'eau qui dort (?) - Le rêve est à rêver - Quasimodo - Les collines roses - A l'ombre des pictogrammes - Ces gens-là - Hymne à la vie (collégiale)


DK, le 23 février 2020

[Concert] Joshua Bell, Orchestre de Paris, Karina Canellakis @ Philharmonie de Paris

- 22 janvier 2020

Joshua Bell, Orchestre de Paris, Karina Canellakis
Jean Sibelius, Concerto pour violon - Dmitri Chostakovitch, Symphonie N° 10
Philharmonie de Paris

C'est toujours un réel plaisir d'assister à un concert de Joshua Bell. D'abord, parce que son jeu est fait d'une délicatesse rare, élégant, léger, joyeux. D'une forme d'humilité, ou de simplicité, qui lui donne cette capacité à s'effacer derrière l'oeuvre qu'il interprète.

En gros, le contraire de ce qu'en fait Maxim Vengerov. Et c'est là qu'a été, en ce qui me concerne, le souci. Le souvenir absolument intact de son interprétation en ces lieux il y a un peu plus de trois ans (premier et deuxième soir, permettez) m'a tout de suite attrapé l'oreille. Level exigeance : total. J'ai déjà eu, sur ce blog, l'occasion de dire que c'était cuit, que je serais dorénavant incapable d'écouter cette "le" Sibelius sans que me revienne le son du violon de Vengerov. Je le confirme.

Pour autant, Joshua Bell n'a pas démérité, loin de là. Plutôt convaincant, et tout particulièrement dans les deuxième et troisième mouvements, il a confirmé ce sentiment dont je vous parlais plus haut : le réel plaisir de l'écouter.

Côté péripéties, à présent. D'abord, je vous parle ici d'un concert auquel nous avons bien failli ne pas assister. A quelques minutes du début du concert, Renaud a la bonne idée de remarquer que lui manquent et son portefeuille et son téléphone. Sortant de la salle dégoûtés, persuadés d'avoir perdu ces éléments rudement embêtants à perdre, on se sépare pour aller voir s'ils ne sont pas là où nous nous sommes arrêtés quelques instants sur le chemin de nos places. Moi dans les contre-allées intérieures de la salle, lui celles à l'extérieur. Rien là où je cherche, je sors de la salle sans demander la contremarque qui permet de revenir.

Dehors, pas de Renaud. OK ! Il n'est pas où nous devions nous retrouver, il n'est pas là où nous devions nous retrouver, l'horreur à son comble. Téléphone mis sur silencieux pour éviter la bévue pendant le concert, je ne vois pas tout de suite qu'il m'appelle. Je finis tout de même par le constater, ce qui veut dire qu'il a retrouvé son téléphone. Posé avec son larfeuille sur un muret du petit coin où l'on s'en fume un petit dernier avant d'entrer dans la salle ! Immense ouf, je le rejoins...

Or, persuadé que le matos est perdu, je suis sorti sans la contremarque. Et voilà que je tombe sur l'un des portiers les plus zélés de l'histoire des salles de concert. J'ai mon billet, il n'en veut pas, il veut la contremarque. Je concentre tous mes moyens pour retrouver ce qu'il faut de calme et expliquer à ce portier que ceci puis cela égale maintenant. Non, la contremarque. Mais enfin, le concert s'apprête à débuter... La contremarque ! Il accepte finalement d'appeler sa responsable, qui constate ma bonne foi, et me dit... de me dépêcher car le spectacle est sur le point de commencer. Sans blague !?

Allez, ça fait des souvenirs ! Plus agréables après coup que les larsens et sifflements insupportables qui se sont faits entendre durant tout le concert. Sur Chosta, quand ça envoie, ça gêne pas forcément. Mais dans les moments les plus délicats de Sibelius, atroce !


DK, 23 février 2020