Murray Perahia, Academy of Saint-Martin in the Fields
Ludwig van Beethoven, Coriolan (ouverture) ; Concertos pour piano N° 2 et 4
Barbican Centre (Londres)
Je me répète ? Tant pis. Le Concerto N° 4 de Beethoven est
Un Coriolan dans lequel l'ASMF fait parler son énergie et démontre qu'un orchestre de chambre peut parfaitement faire preuve de toute la vigueur qu'exige cette œuvre - notez, toujours pas de chef, sinon les impulsions données par Tomo Keller au premier violon. Murray Perahia rejoint les siens pour Concerto N° 2. Agréable mais pas de quoi nous soulever. J'y retrouve le Perahia du N° 4 de l'année dernière "chez nous", beaucoup d'allégresse, mais trop de notes loupées, et même quelques pains improbables - un aigu venu de nulle part dans le rondo, presque fun en fait.
A l'entracte, la petite appréhension quant à la suite du programme n'empêche pas le plaisir de quelques remarques snobs sur la salle. "L'architecture ? Oui, bon, c'est joli, c'est boisé, m'enfin c'est pas l'auditorium de la Maison de la Radio non plus... Et l'acoustique... L'acoustique ! Aucune dynamique ! Les violons nous arrivent à peine, c'est juste dingue ! Ah non mais rien-n'à-voir quoi !"
Le concert reprend, et d'emblée, Murray Perahia rassure. Son entame est précise, vive, délicate. Il s'envole, et l'orchestre le suit. D'ailleurs, il oublie totalement ce dernier, ne se consacrant plus qu'à son travail au piano. Il a raison : ce qu'il nous propose est somptueux. Dans ses parties seul bien sûr - celle du premier mouvement (allegro), qui m'a emmenée pas loin de la transe métaphysique - mais tout au long du concerto, son piano chante, illumine, sublime cette partition pleine de lyrisme. Claque totale, une émotion rarement atteinte. Je ne serai pas le seul à me lever pour acclamer Mister Perahia en fin d'interprétation. Quel grand moment !
Remarque gentille de Marie en sortant. "C'est dommage qu'il n'ait pas fait preuve d'un tel brio lors de sa venue à la Philharmonie, tu aurais pu davantage en profiter avec une meilleure acoustique." Que veux-tu, ma soeur, aussi brillants soient-ils, aussi importante que soit leur carrière, ces artistes sont avant tout des hommes et des femmes qui doivent faire avec l'instant, qu'il soit complice ou retors. Presque rassurant, finalement.
DK, le 27 février 2017
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