[Concert] Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos @ Philharmonie de Paris

- 7 septembre 2018

Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos
Johannes Brahms, Trios pour piano et cordes No 2 (Op.87), No 3 (Op.101) et No 1 (Op. 8)
Philharmonie de Paris

Julien a raison. Débuter la saison avec un concert de musique de chambre, c'est une façon délicate de se replonger dans le bain. Avec une affiche somptueuse, c'est encore mieux ! Emmanuel Ax, Yo-Yo Ma, Leonidas Kavakos, trois solistes de renom réunis pour jouer les trois Trios de Brahms, un programme alléchant qui a tenu toutes ses promesses.

Ce n'est pas la première fois que nous avions le plaisir d'entendre en ces lieux ces trois oeuvres, l'ami de quarante ans et moi. Données il y a un peu plus de deux ans, je les avais découvertes alors, et avais immanquablement succombé à leur charme, avec une préférence pour le Premier. Kavakos était déjà de la partie. Et le décalage entre son coup d'archet assez lourd, ses sonorités puissantes, et le jeu tout en délicatesse de ses deux acolytes d'alors, Lugansky et Capuçon le jeune, m'avait posé problème.

Associé à Ax, dont je connais et apprécie la fermeté du toucher, et au renommé Yo-Yo Ma, cela pouvait tout de même donner quelque chose de pas mal du tout. Et ce fut le cas. Première oeuvre jouée, le Deuxième Trio, un seul mot pour définir cette interprétation : perfection. Époustouflants sur le plan technique, d'une justesse incroyable sur le plan de l'émotion, équilibre complet entre chacun des trois instruments. Moment de grâce absolue - une spectatrice n'a pu contenir son désir d'applaudir à la fin du deuxième mouvement, le lent, pour le plus grand plaisir des artistes.

Le Troisième Trio, deuxième oeuvre de la soirée, va forcément souffrir un peu de la comparaison avec ce qui vient d'arriver. Peut-être un peu de fatigue. C'est très beau, mais la magie n'opère pas de la même manière. Après l'entracte, vient enfin le Premier Trio, bel et bien mon préféré. Si j'avais les compétences pour le faire, je vous dirais volontiers que, si le Troisième est vraiment le plus Brahmsien des trois, les accents Schumanniens du Premier sont sans doute ce qui me le rend charmant.

S'il n'atteindra pas la grâce quasi absolue touchée lors du Deuxième - le premier, quoi -, le trio retrouve sa pleine puissance, et nous éblouit. Le concert s'achève sur un Schubert en bis et une salle conquise, pour moitié debout.

*

Petit plaisir en sus, le changement d'annonce d'avant concert, avec une amorce d'une efficacité redoutable (pas de spoiler ici), et la suppression de l'accent US ridicule sur "Philharmonie de Paris" pendant l'annonce en anglais américain. Pas plus emballé que ça par le programme de la saison 2018/19, mais si les quelques rendez-vous pris sont de la même facture, on va se régaler. Manquerait plus que Frédo revienne... 

DK, le 8 septembre 2018

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