- 6 février 2018
Khatia Buniatishvili
Johannes Brahms, Sonate N° 3 - Piot Ilitch Tchaikovski, Casse noisette - Franz Liszt, Mephisto & Rhapsodie espagnole
Philharmonie de Paris
Parfois, sans que l'on sache vraiment pourquoi, l'industrie musicale - au sens large - propulse au devant de la scène un ou une artiste qu'elle nous présente comme son nouveau joyau. Il ou elle est en général plutôt jeune, sympathique - dans une certaine idée que l'on se fait de la sympathie dans ces milieux -, présente bien, charismatique lors des interviews... Un bon produit, quoi. Si jamais il ou elle est dotée d'un réel talent, ce n'est que mieux. Mais rassurez-vous, dans le cas contraire, cela n'empêchera pas ce monde du marketing d'en faire sa vitrine. Je pourrais citer un ou deux noms dont on entend bien trop parler dans les médias au regard de ce que leur talent donne sur scène, je passe.
Il faudra plus que Khatia Buniatishvili pour me convaincre que c'est sur leur musicalité que se font les réputations des musiciens de nos jours. Je dois néanmoins reconnaitre que c'est une prestation pour le moins convaincante qu'a livrée la pianiste "à la mode" ce soir-là.
Son entrée, d'abord. Vu comme elle maitrise l'exercice, on imagine qu'elle n'est pas dupe, et qu'elle sait bien que c'est tout autant la star médiatique que la pianiste qui est attendue - je pourrais vous raconter les bavardages d'avant-concert autour de moi. Elle entre, salue rapidement tout autour d'elle, s'assied et joue. Qu'importe si les applauses ne sont pas finies, qu'importe si elle n'est pas bien installée (elle rectifiera rapidement son assise tout en jouant), elle semble être là pour le piano, le piano et rien d'autre. (D')entrée appréciable.
Et là, c'est parti ! Tout d'abord la sonate de Brahms (Robert Schumann dit de cette oeuvre qu'elle ressemblait à une symphonie cachée), qui lui permet d'emblée d'étaler toutes les facettes de son jeu. Sa haute technicité, sa vigueur dans les moments les plus amples - l'attaque du premier mouvement -, sa délicatesse dans les nuances - un mouvement lent d'une émotion incroyable. Les intentions sont justes, le toucher est clair, tout est limpide, c'est très beau. Avec Tchaïkovski, elle ajoute une dose de virtuose, histoire de bien scotcher tout le monde. Vingt minutes d'entracte, histoire de reprendre nos esprits.
Et on repart avec Liszt ! Son piano danse, virevolte, nous envoute, la magie opère. Evidemment, le répertoire plus virtuose de cette deuxième partie de programme lui permet des envolées incroyables. Mais on la suit, on ne peut faire autrement. Et quel plaisir !
Alors oui, tout au long de la soirée, son expression corporelle nous charme - et je parle ici moins de son physique tout en sensualité que des élans de sa tête ou de son buste, le mouvement de ses cheveux, et bien évidemment le ballet de ses bras et ses mains. Mais c'est par ce jeu plein d'éclat, de douceur, de conviction, que Khatia nous met tous dans sa poche. Franc succès, amplement mérité. Un très beau concert.
DK, le 14 février 2018
[Concert] David Grimal, Les Dissonances @ Cité de la musique
- 27 janvier 2018
Les Dissonances, David Grimal
Maurice Ravel, Pavane pour une infante défunte & Alborada del gracioso - Edouard Lalo, Symphonie espagnole - Claude Debussy, Iberia
Cité de la musique
La belle découverte du soir, ce ne fut pas la grâce de Les Dissonances, ensemble musical unique, et pas uniquement parce qu'il se passe de chef - quel bonheur, néanmoins. Ce ne fut pas non plus la virtuosité du coup d'archet de David Grimal, très chantant, plein de caractère, de délicatesse aussi. Non, cette belle découverte, ce fut la Symphonie espagnole de Edouard Lalo - étrangement intitulée, car cette oeuvre ressemble davantage à un long concerto pour violon qu'à une symphonie.
Après une Pavane manquant d'un brin de majestueux, voilà le moment du régal. De superbes harmonies, une savante alternance de moments enjoués, très symphoniques, et d'autres plus mélancoliques, hispanisants. Le charme opère tout au long, jusqu'au (bouquet) final, ce Rondo, moment sublime où la virtuosité du violoniste éclate devant nous. Fabuleux ! David Grimal nous enchante, nous transporte, nous élève vers des champs de grâce merveilleux.
Sur sa lancée, il nous délivre un rappel d'une émotion rare, le premier mouvement, intitulé L'Aurore de la Sonate N° 5 de Ysaye.
Conséquence de cette claque totale, je fus bien incapable de suivre quoique ce soit pendant la deuxième partie du concert. Navré Maurice, navré Claude - il me faudra absolument réécouter cette Iberia.
DK, le 5 février 2018
Merci à l'ensemble Les Dissonances.
Les Dissonances, David Grimal
Maurice Ravel, Pavane pour une infante défunte & Alborada del gracioso - Edouard Lalo, Symphonie espagnole - Claude Debussy, Iberia
Cité de la musique
La belle découverte du soir, ce ne fut pas la grâce de Les Dissonances, ensemble musical unique, et pas uniquement parce qu'il se passe de chef - quel bonheur, néanmoins. Ce ne fut pas non plus la virtuosité du coup d'archet de David Grimal, très chantant, plein de caractère, de délicatesse aussi. Non, cette belle découverte, ce fut la Symphonie espagnole de Edouard Lalo - étrangement intitulée, car cette oeuvre ressemble davantage à un long concerto pour violon qu'à une symphonie.
Après une Pavane manquant d'un brin de majestueux, voilà le moment du régal. De superbes harmonies, une savante alternance de moments enjoués, très symphoniques, et d'autres plus mélancoliques, hispanisants. Le charme opère tout au long, jusqu'au (bouquet) final, ce Rondo, moment sublime où la virtuosité du violoniste éclate devant nous. Fabuleux ! David Grimal nous enchante, nous transporte, nous élève vers des champs de grâce merveilleux.
Sur sa lancée, il nous délivre un rappel d'une émotion rare, le premier mouvement, intitulé L'Aurore de la Sonate N° 5 de Ysaye.
Conséquence de cette claque totale, je fus bien incapable de suivre quoique ce soit pendant la deuxième partie du concert. Navré Maurice, navré Claude - il me faudra absolument réécouter cette Iberia.
DK, le 5 février 2018
Merci à l'ensemble Les Dissonances.
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